CAREBUK, le projet commence par la rencontre à Boukhara en 1998 entre Zoirsho Klitchev, architecte Boukhariote, auteur du mémorial de al-Boukhârî à Boukhara et Nicolas Detry. En 1998, Nicolas Detry, s’était rendu en Ouzbékistan pour faire des relevés et une analyse du Mausolée de Bumyan Kuli Khan (XIVe siècle). Ces relevés ont servi de base aux travaux de restauration exécutés sous la direction du bureau de l’UNESCO à Tachkent.
En 2001, La Fondation belge de la vocation (https://www.vocatio.be/) attribue, à Nicolas Detry, auteur du projet CAREBUK, le prix du « trèfle d’or ». Cette bourse d’un montant de 25 000 ‘ permet le financement de l’étude préalable du projet CAREBUK (2001-2002, architectes Nicolas Detry et Francesca Brancaccio).
La passion pour le patrimoine architectural et urbain devient le fil conducteur d’un projet ancré sur le respect des cultures locales, des savoir-faire (matériaux, environnement) et de leur transmission aux générations présentes et futures.
Les objectifs de CAREBUK
.1. Restaurer la madrassa Rachid (XVIIIe siècle) une architecture remarquable située au coeur du centre ancien de Boukhara, propriété de la Municipalité. Une première tranche de travaux est réalisée en 2004, elle comprend : campagne de fouilles archéologiques, consolidation de la coupole de la mosquée, reprise des enduits (chaux-plâtre), restauration de baies ouvrant sur la cour centrale. Le chantier de restauration est resté inachevé, faute de financements ; ceci malgré le fait qu’en 2008, la madrassa Rachid a été inscrite sur la « World monuments watch » du World Monuments Fund (New York).
.2. Les travaux se déroulent sous la forme d’un chantier école international (étudiants ENSAL + INSA+ Institut d’architecture de Samarkand + chantier « Rempart »). Le chantier école de 2004 est dirigé par Zoir Klitchev, Nicolas Detry et Elizaveta Nekrasova (archéologue), animé par les artisans ouzbeks. Il constitue un lieu d’échanges de pratiques, de pédagogie et de recherche. Les activités quotidiennes du chantier impliquent la population du quartier, ceci renouvelle les liens de la population avec son héritage culturel et induit un changement d’attitude vis-à-vis de la ville ancienne : la population (re)devient partie prenante de la préservation de son patrimoine.
.3. Promouvoir le développement soutenable dans une partie du globe en transition, l’Asie Centrale. Avec des villes comme Samarkand, Boukhara et Khiva, inscrites sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO, l’Ouzbékistan mise sur le développement du tourisme comme ressource économique. Cependant, la conservation de l’authenticité de ces villes anciennes et leur développement harmonieux nécessitent une politique attentive à la qualité de l’architecture et à l’environnement au sens large.
Comme la biodiversité, le patrimoine architectural est fragile ; exploité sans discernement, il se détruit rapidement. Le patrimoine matériel et immatériel constitue une ressource d’une richesse incomparable ; autour du patrimoine, des liens s’établissent à divers niveaux : vie spirituelle, relations sociales, métiers, éducation, recherches universitaires, culture de la paix, tourisme. C’est dans ce contexte qu’est né le projet CAREBUK. Cette opération de réappropriation rend possible le déploiement de nouvelles activités créatrices et propose des liaisons concrètes entre architecture, population locale et développement soutenable.
Nicolas DETRY, Lyon avril 2022
Liens :
https://www.wmf.org/project/madrasa-rachid
https://whc.unesco.org/fr/assistanceint/256