CENTRI MINORI 1 – (petites villes 1)

Si dans les années 1960, les lois sur la protection des centres historiques des villes ont joué un rôle fondamental et positif ; au début du XXIe siècle tout reste à faire. Plus fragiles que les grandes métropoles, les petites villes ont besoin d’associations de talents ; elles devraient attirer l’énergie de la jeunesse (notamment les étudiants universitaires) et voire s’implanter des nouvelles entreprises à haute valeur ajoutée, dans leurs centres anciens, suscitant ainsi des savoir-faire au niveau local. Une ville de moins de 20.000 habitants peut être définie comme une petite centralité ; bien que certaines villes italiennes de 40.000 habitants sont désignées comme centri minori.

Dans sa complexité, la revitalisation des petites villes concentre quantité de questions actuelles. Pour l’architecte, la revitalisation des centri minori consiste à projeter l’existant avec sensibilité. Restaurer et transformer le patrimoine urbain peut se faire, sans renoncer à être en phase avec notre temps en matière de création et d’écologie. Les problèmes à affronter sont multiples et ne peuvent pas être résolus uniquement par l’architecture. L’Europe des centri minori n’est pas seulement un enjeu patrimonial considérable, c’est aussi un enjeu social, écologique et politique. Recentrer, au coeur de petites villes délaissées, des activités économiques et de là, des populations, irait dans le bon sens ; diminuer nos besoins en mobilité également. L’espace non bâti, la pleine terre devient un bien commun car ce bien ne peut plus être artificialisé sans cesse.

Cette recherche est issue de diverses expériences, premièrement un enseignement de projet en 2017 (Nicolas Detry est alors visiting professor au Politecnico di Torino) ; lors de ce workshop une vingtaine d’étudiants italiens travaillent sur deux sites sensibles dans la ville haute de Thiers, située à 45 km de Clermont-Ferrand. Deuxièmement, en avril 2018 une journée d’étude franco-italienne sur la revitalisation des petites villes est organisée à l’ENSACF (Ecole nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand). Le livre « Centri Minori / enjeux majeurs 1 » est publié en février 2019 sous la direction de Nicolas Detry et Silvia Gron, chez l’éditeur Maggioli à Milan. Ce livre rassemble les contributions de plusieurs auteurs. Franck-Chignier-Riboulon (professeur HDR à l’université de Clermont-Ferrand), tente de définir les petits centres urbains pour la discipline géographie. Florence Paris (agence condition urbaine, Lyon), part de la programmation urbaine et territoriale pour aller vers la revitalisation des centres bourg. Antonello Alici (professeur associé, Politecnico d’Acona) ; développe le cas exemplaire de la ville d’Urbino à travers l’oeuvre de Giancarlo de Carlo. Gustavo Ambrosini (professeur associé, Politecnico di Torino), analyse les notions de réutilisation ‘ transformation dans le projet. Giacomo Borella (Studio-Albori, Milano), explique le travail remarquable de l’agence Studio-Albori sur des « architectures mineures » dans des villages de Lombardie. Yvon Cottier (architecte du patrimoine, enseignant à l’ENSACF), décrit dans le détail la restauration d’un îlot urbain à Thiers et son adaptation en logement social. Niccolo Suraci (Politecnico di Torino), montre l’importance de requalifier les « aires internes », à travers l’exemple de régions rurales et industrielles dans le Sud de l’Italie. Ces auteurs, français et italiens, offrent une contribution à la diffusion des « bonnes pratiques » de revitalisation des petites villes ;

Nicolas Detry, Lyon, avril 2022